mardi 20 janvier 2015

   b) Comparaison entre les deux portraits
      1. Portrait type d'une personne atteinte de l'Alzheimer



- L'âge : La fréquence de la maladie d'Alzheimer augmente avec l'âge. 1,5% des personnes de 60 à 70 ans, 5 % de celles âgées de 70 à 80 ans, et plus de 15 % des plus de 80 ans sont touchées par la maladie.

- Le sexe : Certaines études montrent que les femmes sont plus souvent touchées que les hommes. Mais cela peut induire en erreur étant donné que l'espérance de vie pour les femmes est plus importante que celle des hommes. Par conséquent, si les hommes vivaient aussi longtemps que les femmes, ils seraient à peu près aussi nombreux que les femmes à être atteints de la maladie d'Alzheimer.

- Les études et l'activité professionnelle : Des études ont démontré que les personnes ayant moins de six ans de scolarité semblent être plus susceptibles d'être touchées par la maladie d'Alzheimer.
De manière plus générale, le peu de stimulation intellectuelle ou d’activité physique a ici, comme pour bien d’autres pathologies, un effet aggravant.

- Le stress : C'est un facteur de risque en ce qui concerne la maladie d’Alzheimer par l'intermédiaire du cortisol qui joue un rôle dans la réaction de l'organisme face au stress. Comme le stress accélère aussi le vieillissement des tissus, il favorise la maladie d'Alzheimer dont l’âge est un facteur de risque important.

- L'hérédité : En effet, cette maladie peut être à la base de facteurs génétiques transmis par nos aïeux.

- Les accidents vasculaires cérébraux (AVC), y compris les « mini-AVC » : Ils peuvent favoriser l’arrivée précoce de problèmes vasculaires mais également de type Alzheimer. Même chose pour les traumatismes graves à la tête, souvent accompagnés de pertes de conscience.



Portrait type d'une personne atteinte d'Alzheimer :

Cette femme a entre 75 et 95 ans. Elle n'a peut être pas fait beaucoup d'études, et elle n'a pas fait beaucoup de sport pendant sa vie. Elle a sans doute aussi eu un comportement propice à l'anxiété et un métier qui ne l'aidait pas forcément à surmonter ses angoisses.





      2. Comparaison
         Ces deux portraits types sont à la fois communs et contradictoires. Avec toutes ces réponses, nous ne pouvons pas réellement affirmer qu'avoir pris des anxiolytiques pendant sa vie peut avoir des répercussions sur le déclenchement de la maladie d'Alzheimer.
Par exemple, les deux portraits se rejoignent sur le fait que ce sont les femmes les principales concernées et qu'elles ont vécu des périodes de stress importantes durant leur vie et aussi parce qu'elles vivent plus longtemps. Malgré tout, notre sondage met en avant des consommateurs pratiquant des métiers à responsabilités importantes contrairement aux études qui ont démontré la probabilité qu'une personne moins cultivée serait plus exposée à la maladie d'Alzheimer.
Cependant, les anxiolytiques sont connus pour leurs syndromes de sevrage délicats après une trop grande période de traitement, certains même augmenteraient le risque de démence sénile. Et cette particularité est aussi présente dans les « effets secondaires » de la maladie étudiée.
Et nous savons aussi qu'une trop grosse utilisation d'anxiolytiques peut avoir des effets néfastes sur le cerveau, les récepteurs du cerveau peuvent être abîmés à force d'être trop sollicités ce qui rejoindrait le mécanisme d'action de la maladie d'Alzheimer sur le cerveau : ces deux choses ont au moins un point commun, elles ne laissent pas le cerveau indemne.

      3. Conclusion grâce au journal scientifique
         Comme vous avez pu le constater, la problématique que nous nous sommes données en début d'année est réellement d'actualité, et même les scientifiques sont encore en train de chercher la réponse. C'est pour cela que notre réponse ne peut être claire et affirmée, nous n'avons que des hypothèses pour le lien possible entre ces deux facteurs.

        Cependant, notre rencontre avec Sylvie Chalon (voir IV- Annexe) nous a été d'une très grande aide, car elle nous a expliqué son métier, et nous a montré une des banques de données qu'utilisent tous les chercheurs de France. Ces banques de données contiennent tous les articles possibles et inimaginables de revues scientifiques sur les différentes avancées médicales dans le monde. Et ce, depuis une bonne trentaine d'années. Autant dire que ce sont des mines d'or. Mme Chalon nous a donc fait parvenir un article qu'elle avait trouvé sur l'une d'elle.
   Cette étude a été menée par des chercheurs de Bordeaux, de l'Inserm U657-Pharmacoepidemiologie et par un centre de recherches du Canada, à Montréal : University of Montreal Hospital Center. Cet article a donc été rédigé en anglais et publié en septembre 2014.
Cette étude a été faite d'une manière similaire à la notre, étant donné que c'est encore le début des recherches, elle a été menée sous forme de suivi de patients pendant une dizaine d'années. Des patients de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) ont été suivis pendant au moins six ans : au départ il y avait 7184 participants, ils étaient tous âgés de plus de 66 ans. Pour être admis dans cette étude, il fallait, pour certains, avoir un premier diagnostic de la maladie d'Alzheimer enregistré au cours de la période d'étude et n'avoir aucun traitement anti-démence. Cette étude consiste à étudier la relation entre le risque de la maladie d'Alzheimer et l'exposition aux anxiolytiques benzodiazépines.
        Différentes sortes de benzodiazépines ont été classées en fonction de leurs doses quotidiennes prescrites (1-90, 91-180, >180) et de la demie-vie d'élimination (cela correspond au temps nécessaire pour que l'organisme consomme la moitié du médicament). Les chercheurs ont utilisé ces doses quotidiennes prescrites car elles combinaient à la fois la durée du traitement, et la dose quotidienne de chaque patient :
                 1 à 90 Prescribed Daily Dose (PDD)→ exposition cumulative < ou = à trois mois
                 91 à 180 PDD → trois à six mois
                  > 181 PPD → six mois (utilisation à long termes)
Il y a donc eu différentes sortes de témoins : les consommateurs de médicaments de demie-vie courte (< 20 heures), ou ceux de benzodiazépines à action prolongée (les utilisateurs de plusieurs molécules ont été retenus pour les demie-vies longues).
         Au cours de l'étude, 894 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et 2873 personnes contrôlées avaient déjà utilisé des benzodiazépines. Et les chercheurs ont pu constaté que l'exposition à long terme de benzodiazépines était plus fréquente chez ces personnes là que chez les autres personnes témoins. De plus, l'odds ratio qui est un rapport de « chances » pour mesurer l'effet d'un facteur a démontré que l'association avec la maladie d'Alzheimer a été plus forte pour les benzodiazépines de longue durée d'action ( de 1,70 à 1,98) que ceux à action brève (1,43 à 161) et 1,98>>1,61. Et voici un tableau dressé par cette étude :
         Le résultat de cette étude a montré qu'il n'y a jamais eu de risque accru de développer cette maladie suite à la consommation de benzodiazépines. Aucune association n'a été trouvée avec une dose quotidienne prescrite <91. Mais pour ce qui est des expositions à longs termes, on peut noter un risque légèrement accru pour la déclaration de cette maladie, ainsi que pour la démence. C'est d'ailleurs la démence la principale cause de consommation de benzodiazépines chez les personnes âgées, bien que la relation entre ces médicaments et cet état soit encore un sujet de débat. Mais nous savons que les effets délétères aigus des benzodiazépines sur la mémoire et la cognition sont biens réels.
Cette étude a été conçue spécifiquement pour réduire la possibilité de causalité inverse et de fournir des arguments supplémentaires liant l'utilisation d'anxiolytiques benzodiazépines avec la maladie d'Alzheimer, mais cette étude étant représentative uniquement de personnes âgées du Québec, les conclusions sont plus généralisables. Donc la conclusion la plus plausible serait que la limitation cognitive est induite par cette consommation à long terme, ce qui pourrait réduire la capacité d'une personne à faire face à des lésions cérébrales comme celles de la maladie d'Alzheimer. Un principe de précaution est donc à prendre en compte.

         Pour finir, il faut toujours trouver l'équilibre entre les prescriptions de benzodiazépines  et entre les bénéfices et les risques de ce traitement car cette pathologie n'ayant pas de traitement réellement efficace, il est fondamental d'isoler les facteurs potentiellement aggravants pour les individus.


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