b)
Comparaison entre les deux portraits
1.
Portrait
type d'une
personne atteinte de l'Alzheimer
- L'âge
: La fréquence de la maladie d'Alzheimer augmente avec
l'âge. 1,5% des personnes de 60 à 70 ans, 5 % de
celles âgées de 70 à 80 ans, et plus de 15 % des plus de 80
ans sont touchées par la maladie.
- Le
sexe : Certaines études montrent que les femmes sont plus souvent
touchées que les hommes. Mais cela peut induire en erreur
étant donné que l'espérance de vie pour les femmes est plus
importante que celle des hommes. Par
conséquent, si les hommes vivaient aussi longtemps que les femmes, ils seraient à peu
près aussi nombreux que les femmes à être atteints de la maladie
d'Alzheimer.
-
Les études et l'activité professionnelle : Des
études ont démontré que les personnes ayant moins de six ans de
scolarité semblent être plus susceptibles d'être touchées
par la maladie d'Alzheimer.
De
manière plus générale, le peu
de stimulation intellectuelle ou d’activité
physique a
ici, comme pour bien d’autres pathologies, un effet aggravant.
- Le
stress : C'est un facteur de risque en ce qui concerne la
maladie d’Alzheimer par l'intermédiaire du cortisol qui joue un rôle dans la réaction de l'organisme face au stress. Comme
le stress accélère aussi le vieillissement des tissus, il
favorise la maladie d'Alzheimer dont l’âge est un facteur de risque important.
- L'hérédité : En effet, cette maladie peut être à la base de facteurs génétiques transmis par nos aïeux.- Les accidents vasculaires cérébraux (AVC), y compris les « mini-AVC » : Ils peuvent favoriser l’arrivée précoce de problèmes vasculaires mais également de type Alzheimer. Même chose pour les traumatismes graves à la tête, souvent accompagnés de pertes de conscience.
Portrait type d'une personne atteinte d'Alzheimer :
Cette femme a entre 75 et 95 ans. Elle n'a peut être pas fait beaucoup d'études, et elle n'a pas fait beaucoup de sport pendant sa vie. Elle a sans doute aussi eu un comportement propice à l'anxiété et un métier qui ne l'aidait pas forcément à surmonter ses angoisses.
2.
Comparaison
Ces
deux portraits types sont à la fois communs et contradictoires. Avec
toutes ces réponses, nous ne pouvons pas réellement affirmer
qu'avoir pris des anxiolytiques pendant sa vie peut avoir des
répercussions sur le déclenchement de la maladie d'Alzheimer.
Par
exemple, les deux portraits se rejoignent sur le fait que ce sont les
femmes les principales concernées et qu'elles ont vécu des périodes
de stress importantes durant leur vie et aussi parce qu'elles vivent plus longtemps. Malgré tout, notre sondage
met en avant des consommateurs pratiquant des métiers à
responsabilités importantes contrairement aux études qui ont
démontré la probabilité qu'une personne moins cultivée serait
plus exposée à la maladie d'Alzheimer.
Cependant,
les anxiolytiques sont connus pour leurs syndromes de sevrage
délicats après une trop grande période de traitement, certains
même augmenteraient le risque de démence sénile. Et
cette particularité est aussi présente dans les « effets
secondaires » de la maladie étudiée.
Et
nous savons aussi qu'une trop grosse utilisation d'anxiolytiques
peut avoir des effets néfastes sur le cerveau, les récepteurs
du cerveau peuvent être abîmés à force d'être trop sollicités
ce qui rejoindrait le mécanisme d'action de la maladie d'Alzheimer
sur le cerveau : ces deux choses ont au moins un point commun,
elles ne laissent pas le cerveau indemne.
3.
Conclusion grâce au journal scientifique
Comme
vous avez pu le constater, la problématique que nous nous sommes
données en début d'année est réellement d'actualité, et même les
scientifiques sont encore en train de chercher la réponse. C'est
pour cela que notre réponse ne peut être claire et affirmée, nous
n'avons que des hypothèses pour le lien possible entre ces deux facteurs.
Cependant,
notre rencontre avec Sylvie Chalon (voir IV- Annexe) nous a été
d'une très grande aide, car elle nous a expliqué son métier, et
nous a montré une des banques de données qu'utilisent tous les
chercheurs de France. Ces banques de données contiennent tous les
articles possibles et inimaginables de revues scientifiques sur les
différentes avancées médicales dans le monde. Et ce, depuis une
bonne trentaine d'années. Autant dire que ce sont des mines d'or.
Mme Chalon nous a donc fait parvenir un article qu'elle avait trouvé
sur l'une d'elle.
Cette
étude a été menée par des chercheurs de Bordeaux, de l'Inserm
U657-Pharmacoepidemiologie et par un centre de recherches du Canada, à
Montréal : University of Montreal Hospital Center. Cet
article a donc été rédigé en anglais et publié en septembre
2014.
Cette
étude a été faite d'une manière similaire à la notre, étant
donné que c'est encore le début des recherches, elle a été menée
sous forme de suivi de patients pendant une dizaine d'années. Des
patients de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) ont été suivis
pendant au moins six ans : au départ il y avait 7184
participants, ils étaient tous âgés de plus de 66 ans. Pour être
admis dans cette étude, il fallait, pour certains, avoir un premier
diagnostic de la maladie d'Alzheimer enregistré au cours de la
période d'étude et n'avoir aucun traitement anti-démence. Cette
étude consiste à étudier la relation entre le risque de la maladie
d'Alzheimer et l'exposition aux anxiolytiques benzodiazépines.
Différentes
sortes de benzodiazépines ont été classées en fonction de leurs doses quotidiennes prescrites (1-90, 91-180, >180) et de la
demie-vie d'élimination (cela correspond au temps nécessaire pour
que l'organisme consomme la moitié du médicament). Les chercheurs
ont utilisé ces doses quotidiennes prescrites car elles combinaient
à la fois la durée du traitement, et la dose quotidienne de chaque
patient :
1 à 90 Prescribed Daily Dose (PDD)→ exposition cumulative < ou = à trois mois
1 à 90 Prescribed Daily Dose (PDD)→ exposition cumulative < ou = à trois mois
91
à 180 PDD → trois à six mois
>
181 PPD → six mois (utilisation à long termes)
Il
y a donc eu différentes sortes de témoins : les consommateurs
de médicaments de demie-vie courte (< 20 heures), ou ceux de
benzodiazépines à action prolongée (les utilisateurs de plusieurs
molécules ont été retenus pour les demie-vies longues).
Au
cours de l'étude, 894 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer
et 2873 personnes contrôlées avaient déjà utilisé des
benzodiazépines. Et les chercheurs ont pu constaté que l'exposition
à long terme de benzodiazépines était plus fréquente chez ces
personnes là que chez les autres personnes témoins. De plus, l'odds
ratio qui est un rapport de « chances » pour mesurer
l'effet d'un facteur a démontré que l'association avec la maladie
d'Alzheimer a été plus forte pour les benzodiazépines de longue
durée d'action ( de 1,70 à 1,98) que ceux à action brève (1,43 à
161) et 1,98>>1,61. Et voici un tableau dressé par cette
étude :
Le
résultat de cette étude a montré qu'il n'y a jamais eu de risque
accru de développer cette maladie suite à la consommation de
benzodiazépines. Aucune association n'a été trouvée avec une dose
quotidienne prescrite <91. Mais pour ce qui est des expositions à
longs termes, on peut noter un risque légèrement accru pour la
déclaration de cette maladie, ainsi que pour la démence. C'est
d'ailleurs la démence la principale cause de consommation de
benzodiazépines chez les personnes âgées, bien que la relation
entre ces médicaments et cet état soit encore un sujet de débat.
Mais nous savons que les effets délétères aigus des
benzodiazépines sur la mémoire et la cognition sont biens réels.
Cette
étude a été conçue spécifiquement pour réduire la possibilité
de causalité inverse et de fournir des arguments supplémentaires
liant l'utilisation d'anxiolytiques benzodiazépines avec la maladie
d'Alzheimer, mais cette étude étant représentative uniquement de
personnes âgées du Québec, les conclusions sont plus
généralisables. Donc la conclusion la plus plausible serait que la
limitation cognitive est induite par cette consommation à long
terme, ce qui pourrait réduire la capacité d'une personne à faire
face à des lésions cérébrales comme celles de la maladie
d'Alzheimer. Un principe de précaution est donc à prendre en
compte.
Pour
finir, il faut toujours trouver l'équilibre entre les prescriptions
de benzodiazépines et entre les bénéfices et les risques de ce
traitement car cette pathologie n'ayant
pas de traitement réellement efficace, il est fondamental d'isoler les
facteurs potentiellement aggravants pour les individus.
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