mardi 20 janvier 2015

IV- Annexe
         Comme vous avez pu le constater, les impacts de la maladie d'Alzheimer sur le cerveau sont importants et plutôt complexes à comprendre. Nous avons donc pris rendez-vous avec Sylvie Chalon, directrice de recherches de l'équipe 3 : l'unité mixte INSERM UMR930 de recherche qui s'occupe de « l'Imagerie moléculaire du cerveau ». Cette unité de recherche se situe à la faculté de Médecine de Tours, nommée Université François Rabelais. Le rendez-vous a eu lieu le jeudi 4 décembre 2014, à 14h00.
Sylvie Chalon nous a beaucoup aidé en répondant à nos questions, et en nous expliquant en quoi consistait son travail. Son équipe était exclusivement dédiée à des recherches sur la façon de diagnostiquer des maladies dégénératives telles que l'Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Leur but étant de trouver un moyen de les diagnostiquer au plus vite. 
Cependant ce rendez-vous ne nous a pas donné d'indications sur les potentiels liens entre la prise d'anxiolytiques et la maladie d'Alzheimer. Bien qu'il nous ait quand même grandement éclairé sur le fonctionnement de cette pathologie.


Sylvie Chalon dans son bureau

Compte rendu de ce rendez-vous :
        Il y 860 000 cas de maladie d'Alzheimer en France. Elle est d'origine multifactorielle, nous ne connaissons malheureusement pas vraiment ses origines, mais on sait qu'elle peut être aussi génétique : par exemple une personne atteinte de trisomie 21 a nettement plus de « chance » de contracter cette maladie. Mais la cause principale et celle qui illustre parfaitement le fait de l'augmentation des cas en France est le vieillissement de l'individu. Il est très rare que cette maladie se déclare lorsqu'un individu a moins de 55-60 ans, car le vieillissement est un facteur non-négligeable de l'altération du cerveau.

         Les premières recherches sur cette maladie datent de 1982, et elles continuent toujours. L'une des raisons principales de la durée de ces recherches est que le cerveau est composé de beaucoup de zones et que le traceur radioactif permettant de se rendre compte des zones atteintes de cette maladie n'a été inventé que depuis peu.
Ces expériences se font sur des rats ou des souris d'une durée de vie de deux ans – trois cent meurent par an -, il y a des règles très strictes afin d'éviter toute souffrance aux animaux. L'Alzheimer n'existant pas chez ces animaux, les maladies injectées sur les souris sont modifiées génétiquement pour servir de substitut. Ainsi les plaques dues à cette pathologie apparaissent à l'âge de six mois chez les souris, équivalent à 22 ans pour l'humain.
       Grâce à ces expériences de traceurs radioactifs, l'équipe 3 a découvert des liens entre la formation de plaques bêta-amyloïde et la neuro-inflammation qui est un processus complexe qui accompagne les pathologies chroniques du système nerveux central comme la maladie d'Alzheimer. Les chercheurs injectent un traceur radioactif (non-dangereux) et un traceur neuro-inflammable dans des souris transgéniques et dans d'autres non mutées génétiquement pour voir où se situent les neuro-inflammations. Et grâce à des techniques innovantes d'imagerie médicale, on prend des images du cerveaux de ces souris témoins à six, neuf, douze, quinze et dix-neuf mois. Puis on compare, c'est assez logique !
Pourtant l'expérience animale n'est pas à 100 % fiable car le cerveau de la souris n'est pas exactement le même que le notre, 1,2 kg pour l'homme contre 2 g pour le rat. De plus les traitements ne sont pas les mêmes.

         En ce moment l'équipe 3 est toujours à la recherche de "quel traceur radioactif va avec quel récepteur du cerveau". Et leur but est de voir grâce à ces traceurs et leur position spécifique un jour déterminé, où se situeront les neuro-inflammations donc les plaques bêta-amyloïde de la maladie d'Alzheimer. Grâce à cela, les médecins pourront essayer de diagnostiquer plus tôt cette pathologie dégénérative, comme le montre le schéma ci-dessous :


         La courbe jaune représente la fonction des neurones, alors que la courbe rouge représente les analyses médicales. Pour le moment les médecins arrivent à diagnostiquer la maladie juste avant que les analyses médicales montrent clairement la déficience des neurones du patient. Mais s'ils réussissaient à faire un diagnostic précoce de la maladie, comme le montre la ligne verte, le patient ne serait pas encore tout à fait malade même s'il présenterait des symptômes de prédisposition assez évidents.
Pour le moment les chercheurs cherchent à trouver un moyen de diagnostiquer cette maladie plus tôt, et peut-être qu'ainsi il sera plus facile de trouver un traitement qui stoppera définitivement la dégénérescence du cerveau chez un individu. Mais comme vous pouvez le constater, le chemin à parcourir est encore très long, mais nous ne perdons pas espoir qu'un jour nous trouverons un traitement efficace contre cette pathologie incurable.

        Cependant, il ne faut surtout pas oublier que même si les expériences menées sur des animaux peuvent paraître barbares, elles sont existentielles pour la recherche. Un modèle animal doit permettre d’apporter une réponse (partielle) à une problématique clinique.

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